Devenir auteur·e

|par José Ticon|

Est-ce que je peux lire à la classe mon poème ?

Magdalena, 13 ans, n’est pas réellement fan des cours de français suivis dans son école secondaire. Pourtant, ce jour-là, elle exprime sa fierté face au poème qu’elle vient de composer. Récit d’une (modeste) exploration de la poésie en classe.

Le découpage de textes m’est apparu comme une activité prometteuse afin de placer en situation de réussite des adolescents qui évaluent l’écriture comme une tâche peu intéressante et face à laquelle une large majorité se sent peu compétente.

Les quelques poèmes en annexe issus d’Activités en poésie. « Parmi les oiseaux et les lunes »(Editions LEP, 1991) servent de sources pour sélectionner quelques vers parlants pour les groupes de deux élèves formés à cette occasion. Cette première sélection aboutit au découpage de vers ou d’extraits de vers que les élèves posent sur une feuille vierge. Là, commence un dynamique travail d’assemblage et de composition d’un texte totalement nouveau. Plusieurs questions surgissent : il faut que cela rime ? Une ligne doit contenir combien de mots ? Cela doit signifier quelque chose ? Autant d’occasions pour l’enseignant de réaffirmer la liberté à exercer pour proposer un texte qui parle d’abord à ses auteurs. Premier constat : tous les groupes d’élèves ont produit un texte nouveau en 30 minutes, certains ont même inventé une consigne nouvelle en choisissant l’un des poèmes dont ensuite certains des mots ont été progressivement remplacés par des découpages d’autres textes. L’étape d’oralisation des textes a rarement été aussi animée. Magdalena et ses camarades rivalisent dans leur volonté de présenter un texte paré de ses plus beaux atours oraux (pauses bien marquées, intonation joyeuse, etc.).

 

Un large débat s’ensuit qui permet de mettre en évidence ce qui a présidé aux choix des élèves : parfois une atmosphère, une émotion, un champ lexical, un lieu. Finalement, les caractéristiques de ces poèmes d’auteur sont évoquées : forme graphique, rimes, brièveté, mots évocateurs, caractéristiques du -je lyrique. La question surgit lors de la période suivante : peut-on signer comme auteur.e alors que le texte est composé des mots des autres ? Oui, sans doute !

 

Par José Ticon, Professeur HEP associé en didactique du français pour le secondaire I, jose.ticon@hepl.ch

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